Un commerçant jugé pour avoir giflé le chauffeur d’un camion poubelle à Croix
10/11/2023
Le 21 décembre, le chauffeur d’un camion poubelle se fait gifler lors d’une altercation avec un commerçant, à Croix. Ce dernier était jugé ce mardi au tribunal de police à Lille. Une violence qui s’ajoute aux incivilités fréquentes contre les éboueurs.
ARTICLE PUBLIE DANS LA VOIX DU NORD, le 22 Juin 2023, par Chantal David
L’homme à la barre est un colosse. Jackie D. est éboueur depuis trente ans. Ses collègues venus le soutenir ce mardi au tribunal de police ajoutent qu’il est humainement apprécié et professionnellement consciencieux. Mais au moment de raconter ce qu’il a vécu lors de sa tournée, le 20 décembre à 18 heures, les mots de Jackie D. s’étouffent dans un sanglot. « De toute ma carrière, c’est ma première agression physique. J’y pense sans arrêt. Ça m’empêche de dormir la nuit. »
Le 20 décembre, Jackie D. a eu très peur quand G.T. a cédé à la colère en reprochant aux éboueurs de ne pas avoir ramassé les cartons de son magasin de chaussures. Après un échange d’insultes, le commerçant a ouvert la portière et giflé le conducteur du camion.
Au tribunal, Me Blandine Lejeune indique : « Le simple fait d’ouvrir brusquement la portière est très traumatisant. En plus, le chauffeur ne peut pas se déconcentrer. Il a en charge le maniement du camion et la sécurité du reste de l’équipe. »
De son côté, l’officier du ministère public retiendra la culpabilité du commerçant « pour avoir fait irruption dans la bulle de sécurité du chauffeur. Il était à l’abri dans sa cabine et il était en train de travailler. »
« Ce ne sont pas des esclaves »
Me Lejeune déplore l’attitude du marchand de chaussures. « Il n’avait pas à décider de ce qui est ramassé ou pas. Les éboueurs font une mission de service public. Ce ne sont pas des esclaves ». Et de préciser : « Les cartons n’ont pas été ramassés parce qu’ils n’étaient pas pliés. C’est une consigne de sécurité car il pourrait y avoir n’importe quoi à l’intérieur. »
À la barre, la responsable du service des ressources humaines Esterra expliquera que la profession d’éboueur est souvent exposée et régulièrement victime d’incivilités… Ce sont le plus souvent des coups de klaxon derrière le camion poubelle ou des dépassements dangereux. Au point que, dira-t-elle, Esterra a mis en place des formations pour les éboueurs sur la gestion des conflits.
Regrets sincères
Au tribunal, G.T. s’est défendu sans avocat. Il est quadragénaire, est installé depuis douze ans, n’a pas de casier judiciaire. Il commencera par dire qu’il n’a pas tapé fort : « Juste un léger coup sous le menton, ses lunettes n’ont pas volé ». Mais très vite, face au témoignage de Jackie D., il se recentre sur des regrets sincères.
La représentante du ministère public a requis 250 euros d’amende. Le tribunal rendra son délibéré le 29 août.