ARTICLE PARU SUR BFMTV.COM le 18/05/2018, par Mélanie Rostagnat
Trois cent mille euros. C'est la somme que le service départemental d'incendie et de secours (SDIS) du Nord et l'hôpital de Roubaix vont devoir verser à un homme d'une quarantaine d'années, devenu tétraplégique après un accident vasculaire cérébral survenu le 17 août 2012, qui avait été alors mal diagnostiqué par les secours. Ce jour-là, pris d'un malaise en pleine rue, Christophe, alors âgé de 37 ans, appelle les pompiers vers 20 heures. Il décrit ses symptômes: une sensation d’ivresse alors qu’il n’a pas bu et des difficultés d’élocution. Les secours évoquent alors un possible "coup de chaud" et lui conseillent de rentrer chez lui.
Mais alors qu'il s'apprête à regagner son domicile, il s'effondre dans la rue et est retrouvé par une passante qui appelle le SDIS qui le conduit au CHR de Roubaix. Les médecins tardent alors à lui faire passer une IRM et lorsque l’examen est enfin pratiqué, il est déjà trop tard: le cerveau de Christophe est endommagé à la suite d'un AVC. Un examen neurologique révèle un tableau de "locked-in syndrome" qui se traduit par une paralysie complète, mais des facultés intellectuelles intactes. Il est depuis "tétraplégique" et "dépendant".
"Un dysfonctionnement du service"
Après six ans de procédure, le tribunal administratif de Lille a condamné mercredi 16 mai le SDIS et le centre hospitalier de Roubaix à verser à la victime 315.287,43 euros en réparation des préjudices subis par ce dernier. Selon l'instruction, les "3h30 de retard" dans la prise en charge du patient "ont eu pour effet de priver" la victime "de 30% de chance de subir une évolution neurologique moins défavorable et de conserver des séquelles moins lourdes de l'accident vasculaire cérébral dont il a été victime".
"Il ressort clairement de l'appel qu'il passe aux pompiers qu'il est en état de détresse et en tout état de cause que l'opérateur qui a pris l'appel n'a pas fait le nécessaire. C'est un dysfonctionnement du service", a estimé Blandine Lejeune, l'avocate de Christophe Blard, au micro de BFMTV.