Soupçonnée de harceler père et enfants à Sainte-Catherine, la mère de famille relaxée
12/07/2022
« Un délit d’amour » ? Une mère de 48 ans a fait face au tribunal correctionnel d’Arras, mardi, soupçonnée de harcèlement moral sur son ex-conjoint et ses trois enfants. On lui reprochait de vouloir désespérément entrer en contact avec sa progéniture.
ARTICLE PARU DANS LA VOIX DU NORD, le 08/11/2019, par Thomas BOURGOIS
La frêle quadragénaire s’emporte souvent. Elle pointe du doigt son ex-mari, nie parfois l’évidence… « C’est une mère écorchée vive », la décrit son avocate Me Blandine Lejeune, une ténor du barreau de Lille. « Elle est tout en souffrance », surtout depuis que son ex-époux a demandé le divorce en 2013, dix jours après l’accouchement du petit dernier. Le début de la déchéance.
« En six ans, j’ai tout perdu, ma maison, mes économies, ma belle-famille… », lâche-t-elle. Jusqu’à la garde de ses trois enfants. La sage-femme libérale ne les pas amenés à l’école, un matin de 2017. « Le soir même, elle finissait en garde à vue, raconte son avocate. Je n’ai jamais vu ça ! » On ne lui accorde plus qu’un droit de visite médiatisé, en présence d’un travailleur social.
« Je me suis sentie humiliée, dégradée. Y’a un moment, j’avais envie de mourir. »
La mère de famille ne s’y est jamais résolue. « Je ne vois pas l’intérêt de voir mes enfants 24 heures par an (à raison de deux visites d’une heure par mois). » Elle préférait envoyer des lettres chaque semaine, des colis avec des cadeaux. « Il y en a eu énormément, je tiens à le dire. Ça remplissait mon garage », souffle le père.
Elle serait venue plusieurs fois à l’école des enfants ou au domicile de son ex-époux pour les apercevoir dans le jardin, ou leur offrir des pistolets à eau. Cette dernière scène a viré à la violente dispute. Une plainte pour harcèlement moral a suivi. « Mon rôle est quand même de suivre les enfants dans leur éducation. »
Un jour, les policiers débarquent à son domicile. Elle brandit une brosse de toilettes dans leur direction. L’arrestation est musclée. Et une plainte pour rébellion s’ajoute sur la pile. « On vous met les menottes, on vous embarque, que vous soyez en nuisette, en culotte… Y’a un moment j’ai pété un plomb, reconnaît-elle. Je me suis sentie humiliée, dégradée. Y’a un moment j’en avais marre, j’avais envie de mourir. »
Son avocate fulmine. « Qu’est-ce qu’elle a fait de mal ? Est-ce qu’elle a battu ses enfants ? Est-ce qu’elle les a privés de nourriture ? Non ! (…) Un délit d’amour, c’est ça que vous lui reprochez ? » Elle dénonce « un harcèlement judiciaire ».
La plaidoirie fait mouche : le tribunal la relaxe du harcèlement. La mère ne ressort de la salle d’audience qu’avec une amende de 500 euros pour rébellion.