Lille: de la prison avec sursis pour une séance d’humiliation retransmise en direct
12/07/2022
Une mère et ses trois enfants, jusqu’ici inconnus de la justice, sont condamnés pour avoir réclamé des comptes à une possible rivale. La séance d’explication s’était achevée en moment de torture morale.
PARU DANS LA VOIX DU NORD, le 20/11/2019, par Lakhdar BELAID
Tous les protagonistes de ce dossier connaissent très bien la prison de Sequedin. Pas pour y avoir séjourné. La victime y travaille. Le mari et père des personnes jugées y a longtemps été en poste, notamment à un échelon élevé. Le 16 juillet 2018, une femme de 46 ans et ses trois enfants débarquent dans un appartement lillois. L'occupante est prise au dépourvu lorsque ces indésitables investissent son logement.
Soupçon d’adultère
La famille exige une explication. La personne dont elle instruit le procès a longtemps été considérée comme « une sœur » par la mère, comme « une tante » par la progéniture. Tous soupçonnent à présent cette surveillante de prison, défendue par Tayeb Ismi, d’avoir séduit leur mari et père. Ce dernier est absent. Quelques minutes après le début de cette « descente », il recevra sur son téléphone une photo dégradante de sa collègue.
Absente à l’audience de jugement, la plaignante ne s’est pas non plus déplacée pour entendre la sanction décidée à l’encontre de ses anciens amis une semaine plus tard. Il y a quelques années, elle a vécu de très près l’évasion explosive de Redoine Faïd, soupçonné de plusieurs braquages spectaculaires. D’où des traumatismes décrits face à la présidente Audrey Bailleul et à ses assesseurs.
Neuf mois de prison avec sursis pour la mère
Cette fois, Me Ismi viendra énoncer des troubles plus récents. Ce groupe ayant forcé sa porte l’a, dit-elle, déshabillée et photographiée avant d’adresser le cliché à un collègue, soupçonné d’avoir nourri avec elle une relation extraconjugale. Il est même question de menaces à l’aide de couteaux piochés dans sa propre cuisine. Des soupçons rejetés avec force par Mes Cherifa Benmouffok et Blandine Lejeune.
Le procureur Pierre Besse avait souhaité des peines d’amende avec sursis. La sanction sera finalement beaucoup plus lourde. Neuf mois de prison avec sursis pour la mère et son fils de 23 ans, cinq mois, toujours avec sursis, pour deux filles âgées de 27 et 28 ans.