Les agresseurs d’un camping-cariste au port de plaisance à Deûlémont en 2021 condamnés
10/11/2023
Le 13 juin 2021, à Deûlémont, un camping-cariste alors âgé de 35 ans est frappé à coups de pied et de bouteilles en verre, par deux jeunes qui étaient jugés ce mardi à Lille. Les agresseurs ne connaissaient pas la victime. Le procès n’a pas permis de savoir ce qui a provoqué leur déchaînement de violence.
ARTICLE PUBLIE DANS LA VOIX DU NORD, le 1er novembre 2023, par Chantal David
Ce mardi, à l’écran de la salle d’audience de la 6e chambre correctionnelle, le crâne de Benjamin T., 37 ans, apparaît en gros plan. Une première image montre une balafre suturée qui traverse horizontalement la tête au sommet. La seconde laisse voir un cuir chevelu découpé jusqu’à l’os sur tout un côté. Benjamin T. dira à la barre : « On m’a remplacé un morceau de boîte crânienne par une plaque de titane. » Il n’entend plus de l’oreille gauche. Il a perdu son emploi de boucher : « Inapte. » Me Blandine Lejeune indiquera qu’il n’est toujours pas possible de chiffrer son préjudice : « Les blessures ne sont pas consolidées. Ils lui ont brisé sa vie. »
L’homme a été agressé le 13 juin 2021 à Deulémont. Il passait une soirée tranquille près de son camping-car, sur l’aire réservée au port de plaisance. Deux couples de jeunes sont arrivés pour tirer un feu d’artifice. Rien ne laisse alors présager que la soirée va dégénérer dans une violence inouïe.
Des coups à la tête
Ce mardi, au tribunal, Djezon D., 25 ans et Romain T., 26 ans ne relèveront la tête que pour exprimer des regrets. Ils sont jugés pour des violences qu’ils ont reconnues. Ils étaient allés se livrer à la gendarmerie de Quesnoy-sur Deûle dès le lendemain. Le président Ludovic Duprey multiplie les questions. Les deux prévenus répondent seulement qu’ils avaient beaucoup bu. Le juge insiste : « C’est incompréhensible. On a deux jeunes gens qui sont capables de demander poliment l’autorisation de tirer un feu d’artifice, qui gardent dans leur voiture les bouteilles vides de leur soirée pour ne pas les jeter n’importe où, et qui, en même temps, sans qu’on sache pourquoi, vont chercher ces bouteilles pour frapper un homme, qu’ensuite, ils rouent de coups de pied, une fois qu’il tombe au sol. »
Les amies des prévenus et ceux de la victime n’ont pas su davantage expliquer les causes de l’agression. Il y a eu une première altercation quand les prévenus, se pensant suivis par une voiture également sur place, en ont parlé à Benjamin T. qui est allé voir les occupants. « Quand il est revenu, on a eu l’impression qu’il se moquait de nous », dira Djezon à la barre. Des invectives sont alors échangées. Benjamin T. rentre dans son camping-car puis, face à l’insistance des jeunes, ressort les menacer avec son hachoir de boucher.
« Cela aurait pu finir en cour d’assises »
« Vous convenez qu’on aurait pu en rester là, non ? », observe le juge. Mais alors, Romain secoue le camping-car. Djezon jette des bouteilles vides faisant exploser les vitres. Benjamin T. ressort et reçoit une bouteille en pleine tête.
« Cela aurait pu finir devant la cour d’assises avec une issue fatale », soulignera la procureure Émilie Droit, justifiant néanmoins le jugement en correctionnelle : « Rien dans le dossier ne révèle une intention de tuer. »
Les avocats de la défense plaident sur la personnalité de jeunes insérés, avec des compagnes et des métiers et leur éviteront l’incarcération. Me Antoine Chaudey relève néanmoins un mal-être et une colère emmagasinée depuis l’enfance chez Djezon D. Me Quentin Mycinski, conseil de Romain T., insistera sur « sa capacité d’empathie et de remise en question ».
Le tribunal a retenu les peines demandées par le parquet : quatre ans de prison dont trois sous sursis probatoire pour Djezon D. et trois ans de prison dont deux sous sursis probatoire pour Romain T. Ils purgeront la partie ferme de la peine sous bracelet électronique.