Lomme : un automobiliste condamné après avoir écrasé un homme allongé sur la route
21/10/2022
Dans la nuit du 18 au 19 juin 2016, rue de l’Égalité à Lomme, un homme de 26 ans meurt écrasé par un automobiliste qui poursuivra sa route, disant qu’il n’a pas vu la victime qui était allongée sur la route. Après le procès du conducteur le 14 septembre, le tribunal de Lille a rendu son jugement ce mercredi.
ARTICLE PUBLIE DANS LA VOIX DU NORD, le 12 octobre 2022, par Chantal David
Bilel, 26 ans, est mort dans la nuit du 18 au 19 juin 2016, devant le 173 rue de l’Égalité. Il était allongé sur la route. Avait-il fait un malaise ? Avait-il trop bu ? Vers une heure du matin, un automobiliste qui roulait en sens inverse s’est arrêté à sa hauteur. Dans le même temps, une voiture arrivait en face. Malgré des appels de phare, le conducteur n’a pas ralenti et lui a roulé dessus.
Six ans plus tard, Eddy A., 32 ans, est jugé pour homicide involontaire et délit de fuite. Il ne s’est pas arrêté au moment du choc, fera une halte deux cents mètres plus loin pour constater que sa voiture est endommagée, va en discothèque jusqu’à l’aube. Au retour, il repassera au même endroit, s’arrête car il lui manque un bout de pare-chocs, rentre chez lui. Il sera interpellé le lendemain soir. Il a été désigné par des témoins.
« Le délit de fuite fait la lourdeur de ce dossier »
« Il ne s’est pas rendu spontanément à la police. Il n’a pas assumé. Le délit de fuite fait la lourdeur de ce dossier », soulignera la procureure Émilie Droit.
Depuis le drame, Eddy A. a changé de région. Son casier judiciaire est vierge. Il n’avait jamais fait parler de lui pour la moindre infraction routière. Au tribunal, il affirme : « J’ai pas compris que c’était un homme. Pour moi, j’avais roulé sur un objet comme quand on passe sur un ralentisseur trop vite ».
Le président Ludovic Duprey insiste : « Un témoin dit que la voiture a piqué du nez puis s’est soulevée. C’est manifestement un choc important. L’expert n’a indiqué aucune trace de freinage. Pourquoi vous ne vous arrêtez pas ? ».
« J’ai bêtement continué ma route »
Le prévenu est manifestement très choqué par sa responsabilité : « J’ai bêtement continué ma route ». Le juge : « Vous n’étiez peut-être pas dans votre état normal ? » Eddy A. se défend d’avoir trop bu.
Me Blandine Lejeune en partie civile, pense l’inverse. Pour l’avocate, il y a trop de revirements dans les explications : « J’attendais plus de responsabilité. Vous avez face à vous une famille dévastée qui a attendu dans le silence et le chagrin depuis six ans ».
La procureure regrette aussi l’absence d’explications, souligne la violence du choc : « Je ne peux pas croire qu’il ait pensé à des détritus ou un objet. Il ne peut pas admettre qu’il s’en est rendu compte certes trop tard, car sinon il s’effondre ».
Me Thierry Debrabant a un point de vue contraire : « Quelqu’un allongé sur la route, ce n’est pas anodin. Ce n’est pas la première pensée qui nous viendrait à l’esprit à tous. Dès lors, pourquoi ne pas le croire ? » Pour l’avocat, « le plus important est qu’il a reconnu sa responsabilité dans la mort de Bilel. Il n’a pas été attentif. Il n’imaginait pas ces conséquences dramatiques ».
Eddy A. a été condamné conformément aux réquisitions du parquet : trois ans de prison dont un ferme sous bracelet électronique. Son permis est annulé. Il devra attendre un an avant de le passer.