Accusé du meurtre de son ex-compagne, un Roubaisien condamné à 4 ans de prison pour avoir frappé sa nouvelle amie
12/07/2022
La famille de Sandra, tuée en 2015, a enfin entendu la voix du meurtrier présumé
Article paru dans la Voix du Nord, le 24/08/2018, par Chantal David et Geoffroy De Saint Gilles
Hocine H., Roubaisien de 29 ans, était jugé jeudi pour avoir frappé, brûlé et mordu sa compagne. Il risque six ans de prison. Ces violences ont été commises alors que l’homme est mis en cause pour avoir battu à mort Sandra Mazingue, à Hazebrouck, le 1er mai 2015. Il avait été relâché suite à une erreur dans la procédure. Trois ans après, il n’y a toujours pas de date pour le procès devant les assises.
Ce n’était pas pour la mort de Sandra Mazingue que ses sœurs, Emily et Jessy, accompagnées d’autres membres de la famille, ont assisté au procès d’Hocine H. Mais pour Emily, « c’était vraiment comme si le tribunal parlait de l’histoire de ma sœur. Il y a énormément de similitudes entre cette victime et Sandra : la persécution, l’emprise, les menaces sur la famille, la jalousie poussée à l’extrême, les coups, la prostitution… »
Pour la première fois depuis la mort de Sandra il y a plus de trois ans, Emily a entendu le son de la voix d’Hocine H, 31 ans. Compagnon de sa sœur quand elle a été tuée, il est le principal suspect mais il n’a pas été condamné pour ce meurtre. En effet, le 1er décembre 2016, l’homme sort de prison pour être placé en liberté conditionnelle suite à un vice de procédure relevé par son avocat de l’époque, Me Berton.
« On savait qu’il recommencerait »
À l’époque, la famille de Sandra avait remué ciel et terre pour annuler cette décision : « On l’avait dit à l’époque, clame Emily, on savait que la prochaine femme sur son chemin se prendrait des coups. Et voilà que c’est arrivé. Il faut l’enfermer. »
La famille a tenu à être présente au procès jeudi, « pour ne pas être oubliée » : « On voulait montrer qu’on était là, que l’on attend le procès pour Sandra », explique Emily. L’instruction n’est pas encore bouclée. L’avocat d’Hocine H., Me Damien Legrand, a demandé une contre-expertise sur l’état mental de son client. Une demande rejetée mais l’avocat a fait appel. « Nous espérons un procès aux assises en 2019 mais au regard de l’encombrement au parquet de Dunkerque, ce n’est même pas sûr », lance Me Blandine Lejeune, qui représente la famille de Sandra. Pour un meurtre, ce temps d’instruction reste dans la moyenne. Pour la famille, le plus douloureux était de savoir que le suspect était en liberté. « Nous sommes rassurés qu’il soit derrière les barreaux, il faut qu’il y reste jusqu’au procès », assène Jessy.
LE COMBAT POUR RECONNAÎTRE UN VIOL
Me Blandine Lejeune, l’avocate de la famille de Sandra, a rendu public le combat qu’elle mène pour que Hocine H. soit mis en examen pour viol. « Je ne comprends pas pourquoi le parquet de Dunkerque ne poursuit pas pour viol, c’est absolument intolérable. Le médecin légiste fait clairement état de traces et d’hématomes qui montrent qu’il y a eu une relation non consentie. » Jusqu’ici, le parquet a répondu à l’avocate que, comme le couple était ensemble, rien ne prouvait que l’acte n’était pas voulu. « Cette femme a été cassée, broyée et on voudrait nous faire croire qu’elle était consentante, c’est un scandale. Je vais me battre jusqu’au bout, même s’il faut écrire à la secrétaire d’État chargée de l’égalité femmes-hommes. » Pour l’instant, seul le procureur pourrait décider de cette mise en examen avant la clôture de l’instruction.