Marchiennes: En état d’ivresse au volant, elle avait tué une cycliste
12/07/2022
Jeanne Romanowski, Flinoise de 20 ans, a été condamnée à cinq ans de prison, dont trois avec sursis et mise à l’épreuve, ce mardi. Le 7 mars, sous l’empire de l’alcool, cette jeune automobiliste avait provoqué la mort de Joëlle Piquet (63 ans), qui circulait à vélo sur la D 957 à Marchiennes.
ARTICLE PARU DANS LA VOIX DU NORD, le 06/11/2018 par J.C.
Comme si elle avait appuyé sur la touche « Reset » de son ordinateur central. Dans un sanglot, à peine audible : « Je ne me souviens pas de grand-chose. J’étais paniquée, je ne sais pas ce qui s’est passé. » Jeanne Romanowski, Flinoise de 20 ans, a tué Joëlle Piquet, le 7 mars vers 19 h 30 (http://www.lavoixdunord.fr/330713/article/2018-03-08/lesquestions-que-l-se-pose-apres-l-accident-mortel de-sec-marais), au lieu-dit Sec Marais à Marchiennes.
Joëlle Piquet, conseillère municipale (http://www.lavoixdunord.fr/335257/article/2018-03-14/les-funerailles-de-joelle-piquet-se-derouleront-vendredi-matin), était à vélo, à contresens sur la voie cyclable qui borde la route. Jeanne Romanowski au volant de sa Citroën C3. L’étudiante venait de la gare d’Orchies où elle avait récupéré sa voiture pour rejoindre Flines, après avoir fait le trajet Lille-Orchies en train. Son partiel d’espagnol terminé, elle avait bu des bières avec des copains. Trop. Plus d’un litre. Mais malgré l’alcool, malgré Léo qui lui proposait de venir la chercher à la gare (lire ci-contre), Jeanne a pris le volant. « Je me suis sentie capable alors que je ne l’étais pas. »
La C3 zigzaguait depuis plusieurs kilomètres quand elle s’est déportée sur la voie cyclable et a percuté de face la cycliste. La sexagénaire a rebondi sur le pare-brise avant de s’écraser sur de le sol.
Délit de fuite
Jeanne Romanowski n’a jamais freiné. Elle ne s’est arrêtée que deux kilomètres plus loin avant de revenir sur les lieux cinquante minutes après l’accident. À cette heure-là, Joëlle Piquet n’était pas encore morte. « Une femme est en train d’agoniser et vous n’êtes pas auprès d’elle ! », lâche la juge Joly. « Ce n’est pas la faute à pas de chance, ajoute la procureure Coralie Cousty. Ce n’est pas la fatalité mais un comportement irresponsable ! »
Sentiment partagé par Me Lejeune (partie civile) : « Vous avez tellement conscience de l’accident, Mademoiselle, que vous prenez la fuite ! » Tous ont beau insister, Jeanne Romanowski n’explique pas : « Ça aurait pu être ma mère, j’ai conscience du mal que j’ai fait. Mais j’ai beau dire tout ce que je veux, ça ne changera rien. »
Les explications manquent tant qu’elles laissent toute la place à la douleur de la famille de Joëlle Piquet. « J’ai entendu une personne qui est dans le déni total de ce qu’elle a fait, lâche Patrick, le mari de la victime. Elle a détruit notre famille, notre projet… j’ai perdu mon moteur. Pour moi, c’est fini alors que j’entends une personne qui veut tout oublier pour repartir. » C’est possible car Jeanne Romanowski doit continuer à vivre malgré tout… et ce ne sera pas simple. « C’ est une femme totalement dévastée », plaide Me Dubois, son avocat. « L’amnésie opportuniste de l’audience, je n’y crois pas. Au moment de l’accident, elle s’est peut-être endormie. Et après, elle est dans un choc tel qu’elle n’a plus de souvenir.» Sauf celui d’avoir tué une femme en prenant le volant après avoir bu. Et ça, aucune touche « Reset » ne l’effacera.