Meurtre de François Sailly à Desvres : l’auteur condamné à 18 ans de réclusion criminelle
19/04/2023
Deuxième et dernière journée d’audience, ce mercredi, devant la cour d’assises du Pas-de-Calais. Kévin Maillard, 29 ans, a été condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle pour le meurtre de François Sailly, un Desvrois de 35 ans décédé en 2019 après avoir été frappé avec un manche en bois.
ARTICLE PUBLIE DANS LA VOIX DU NORD, le 12 Avril 2023, par Aude DERAEDT
L’intention de tuer. C’est ce qui différencie le chef d’accusation « coups et blessures avec arme ayant entraîné la mort » de « meurtre ». C’est aussi ce qui a animé les derniers débats, ce mercredi, devant la cour d’assises du Pas-de-Calais, à Saint-Omer.
La veille, des médecins légistes ont indiqué à la barre que la victime, François Sailly, n’avait aucun hématome sur les bras. Ce qui laisse penser qu’il ne s’est pas défendu, lors de son agression, le 26 janvier 2019, devant l’entrée de la résidence Le Caraquet, à Desvres. Il a reçu au moins deux coups, d’une rare violence, sur le crâne. Kévin Maillard est-il descendu du premier étage, comme il l’affirme, avec l’intention de « s’expliquer » avec François Sailly ?
Une quinzaine de secondes
Lors de son audition, l’accusé, alors âgé de 25 ans, a indiqué que la scène avait duré « une minute et trente secondes ». Les gendarmes, eux, estiment qu’il fallait « environ 15 secondes » pour descendre les 16 marches qui le séparaient de la victime. Pour rappel, lorsque François Sailly a sonné à l’interphone, Kévin Maillard a dévalé l’escalier, son ex-compagne sur les talons. Lorsqu’elle est arrivée, François Sailly était déjà inconscient. L’accusé prenait la fuite.
Le gendarme qui a mené l’enquête a été appelé à la barre, ce mercredi. « Peut-on penser que Kévin Maillard a frappé directement ? » lui demande Me Blandine Lejeune, avocate de l’épouse et des quatre enfants de la victime. « C’est une hypothèse », répond-il. « A-t-il eu une volonté de se cacher ? », l’interroge Me Raphaël Tachon, avocat des parents de François Sailly. « Il dit être passé dans des zones d’ombre pour rejoindre l’immeuble », indique le gendarme. Kévin Maillard reconnaît être remonté « discrètement » chez son ex-petite amie lorsqu’il a vu la voiture de François Sailly sur le parking.
Injonction de soins
« François Sailly n’a pas eu le temps de parler, parce que tout de suite, M. Maillard a frappé, à toute force », souligne Me Raphaël Tachon, avocat des parties civiles, lors des plaidoiries. « On ne peut pas prétendre que quand on frappe en pleine tête – un organe vital – avec une telle force, il n’y a pas d’intention de tuer », insiste Me Blandine Lejeune, avocate de l’épouse de la victime. Me Gérard Zbili, avocat de la défense, revient sur les quelques mots, virulents, que son client assure avoir échangés avec la victime, avant de frapper. « Il faut tenir compte de cet élément. »
« François Sailly est la victime expiatoire de toutes les frustrations que M. Maillard ressentait à ce moment-là », souligne l’avocat général. Il a requis dix-huit années de réclusion criminelle à l’encontre de l’accusé pour le « meurtre » de François Sailly. Le jury a suivi ses réquisitions. Kévin Maillard est condamné à dix-huit années de réclusion criminelle. Il a dix jours pour faire appel.