Blessé par balles après avoir foncé sur des policiers à Wattrelos, il vient d'être condamné
12/07/2022
Le 11 juin 2017, au terme d'une course-poursuite de Wattrelos à la frontière belge, deux policiers tirent sur un automobiliste fou qu'ils ont vu leur foncer dessus. Après deux ans de détention provisoire, le conducteur était jugé ce jeudi à LILLE.
ARTICLE PARU DANS LA VOIX DU NORD, le 27/07/2019, par Chantal DAVID
Dans la salle d'audience, en début de soirée, la canicule a rendu l'air épais. Sur les bancs du public, il ne reste plus que la compagne de Mehdi Z., Roubaisien de 24 ans. Ils sont ensemble depuis huit ans, elle l'attend, installé dans une nouvelle région pour que le couple démarre une nouvelle vie.
L'homme du box est calme, poli, athlétique. Il exprime des remords et le regret "d'avoir fait souffrir beaucoup de personnes". Mehdi Z. se présente très différent du chauffard qui, le 11 juin 2017, voulait échapper aux policiers...
"Coûte que coûte. Peu importe que les obstacles soient matériels ou humains", s'indigne Me Evelyne Ingwer pour quatre policiers en partie civile.
"Il voulait fuir ses responsabilités", ajoute la procureure Céline Maille.
"Pourtant vous n'aviez pas un casier de voyou", interpelle le président Jean-Michel Faure, rappelant que le jeune homme a un seul antécédent judiciaire.
POLICIERS EN LEGITIME DEFENSE
Le 11 juin 2017, Mehdi Z. a trois passagers dans une voiture qu'il sait volée. Il a trouvé un pistolet dans la boîte à gants et n'a aucune intention de s'arrêter à un contrôle de police à Roubaix. Il fonce en directe de Wattrelos, roule sur le trottoirs, emprunte des rues à contresens et des ronds-points à l'envers. La patrouille lâche. Une autre le retrouve pas loin de la frontière. La voiture de police le bloque, jetant une herse dans le passage. Mehdi Z. manoeuvre pour s'échapper. Il reçoit deux balles: l'une lui casse la mâchoire, l'autre lui transperce la poitrine tout près du coeur. Pendant plusieurs jours, il est entre la vie et la mort. L'enquête de l'IGPN a conclu que les policiers, professionnels aguerris, étaient en légitime défense: "Je ne voyais aucune échappatoire. Il fonce et j'étais clairement sur sa trajectoire", dira l'un des deux fonctionnaires qui ont tiré.
"Ils m'ont peut-être pris pour un terroriste. A l'époque, je pesais plus de cent kilos, j'étais barbu."
Au tribunal, Mehdi Z. décrit autrement la scène. Il affirme que les tirs ont précédé sa tentative de fuite: "Il y a eu un premier tir dans le pneu avant droit pour m'immobiliser et tout de suite après le policier qui était de mon côté a tiré. Ca a fait un bruit de fou. J'ai redémarré et je me suis arrêté plus loin." Et d'ajouter: " Le policier qui m'a canardé n'a pas vu que le premier tir venait de son collègue. Ils m'ont peut-être pris pour un terroriste. A l'époque, je pesais plus de cent kilos, j'étais barbu ..."
Me Blandine Lejeune appuie: "Cette version n'est pas contredite par la balistique. Vous n'avez aucune preuve qu'il a foncé délibérément sur les policiers."
La procureur avait requis trois ans de prison et la révocation de dix mois de sursis.
L'avocate a plaidé la relaxe pour les violences volontaires et l'indulgence pour le refus d'obtempérer.
Le tribunal a finalement condamné Mehdi Z. pour l'ensemble des faits à trois ans de prison dont un avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans. Le prévenu qui a déjà passé deux ans en prison est ressorti libre du tribunal mais a l'interdiction de paraître dans la métropole lilloise.